Opening nights de John Cassavetes

…. ou ma déclaration d’amour à ce couple mythique du 7eme art : Gena Rowlands et John Cassavetes. 

Myrtle Gordon, une actrice de théâtre connue et reconnue, célébrée et adulée, assiste, à la sortie d’une représentation, à la mort accidentelle d’une jeune admiratrice venue l’attendre pour obtenir un regard, un sourire et un autographe de son idole.

Bouleversée et traumatisée par ce drame, elle refuse désormais de jouer ce rôle de femme vieillissante et semble victime d’hallucinations de plus en plus préoccupantes.
Soutenue par la troupe qui l’entoure, ses crises deviennent de plus en régulières et son penchant pour la bouteille aggrave son malaise alors que la date de la première de son prochain spectacle approche dangereusement.

Ce film sonde les tréfonds de l’âme du comédien en se penchant sur la crise identitaire que traverse Mirtle Gordon, actrice reconnue oppressée par le diktat de l’image imposé aux femmes.
Au délà de ce thème de l’acteur et de sa confrontation à l’image qu’il renvoit , Opening Night est une réflexion sur la différence entre l’être et le paraitre qui essaye d’identifier la frontière entre l’acteur, son rôle et l’être et sa vie, sujet cher au réalisateur.
Qu’est ce que la société attend de nous, que consentons à admettre afin de nous intégrer socialement ?
Quel est le degré de sincérité qu’il faut conserver dans ses rapports avec les personnes que nous croisons et bien évidemment nos amis, notre famille ?
Faut-il laisser filer sa vie, s’absorber dans ses passions, au risque de perdre le fil d’une réalité qui bien souvent nous échappe ?

Vu et revu, j’ai encore décidé mercredi soir de me plonger dans ce monument du 7eme art , qui passait exceptionnellement à l’Utopia pour le Festival International du Film Indépendant.

A nouveau il m’a laissé un certain nombre d’interrogations, quasi existencielles,  en tête.

C’est un peu comme si il répondait parfaitement bien aux questions que je me pose tout en me renvoyant un certain nombre d’autres interrogations inter-dépendantes …
J’arrête là l’auto-analyse qui pourrait me mener bien loin ..

Quand au couple mythique…
Bien qu’entourée par des comédiens extraordinaires,
Ben Gazzara dans le rôle de Manny le metteur en scène paumé,
John Cassavetes , himself, l’ancien amant désabusé en pilote automatique,
Joan Blondell la star des années 30/40 dans un de ses derniers rôles,
Gena Rowlands,  d’une incroyable de justesse à chaque instant, crève l’écran dans un rôle extrêmement compliqué pouvant sombrer dans la caricature en de mauvaises mains.
Quand à John Cassavetes, il reste et restera l’homme amoureux par excellence, le seul, pas besoin d’en dire plus.

… bon , allez la prochaine fois, je vous parle d’un film un peu plus léger , Breakfast at Tiffany ou peut être Les hommes préférent les blondes  , 2 classiques sur lequel je peux aussi disserter pendant un long moment , mais sur un autre ton !

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‘S’aimer soi-même est le début d’une histoire d’amour
qui durera toute une vie.’
Oscar Wilde

Mange tes morts , tu ne diras point de Jean Charles Hue


4 ans après La BM du Seigneur, Jean Charles Hue poursuit son exploration cinématographique de la communauté des gens du voyage avec Mange tes morts, tu ne dirais point, véritable plongée au cœur de la communauté des gens du voyage avec les frères Dorkel.

Le réalisateur nous immerge au cœur d’un terrain d’accueil en présentant l’histoire d’une mère et ses trois fils.
L’un vient de sortir de prison, l’autre est un nerveux irritable et le dernier Jason ferait n’importe quoi pour rendre le premier fier de lui.
Il a 18 ans et doit faire un choix délicat entre les traditions chrétiennes d’une partie de sa famille d’adoption et l’art de la chourave que son frère ainé Fred veut lui apprendre.

Après avoir récupérer son ancienne voiture, Fred décide d’entrainer dans une nuit de folie ses 2 frères afin de jouir vraiment de sa liberté retrouvée et de reprendre la place qu’il estime être la sienne.
Pour lui, l’aventure ne continue pas, mais reprend là où elle s’était interrompue.
Que le voyage initiatique vers la mort ou l’accomplissement d’un destin commence …

D’une beauté assez surprenante et sauvage, le film s’envole à partir de ce moment là grâce à des scènes d’action filmées au cordeau.
La caméra est au plus près des visages pour capter une totale attention de la part du spectateur et les images assènent uppercut sur uppercut, il ne reste plus que l’adrénaline, le suspense et les 3 frères qui crèvent l’écran.

Le clan Dorkel est tellement bigger than life que même les maladresses font vrai.
Fred, joué par Fréderic Dorkel, déjà héros du précédent film de Jean Charles Hue,  La BM du seigneur, fait ici figure de prophète débraillé, beaucoup plus que de grand frère, conduisant ses ouailles vers une terre promise intérieure.

C’est Moïse et son petit peuple entassés dans une voiture volée, fonçant sur les chemins d’une Judée de l’Oise pour accomplir les prophéties.
Il est surprenant de présence, presque mystique.

Entre rite initiatique et mythe, un film à voir ….

 

Synopsis

Pitch : Jason Dorkel, 18 ans, appartient à la communauté des gens du voyage.
Il s’apprête à célébrer son baptême chrétien alors que son demi-frère Fred revient après plusieurs années de prison.
Ensemble, accompagnés de leur dernier frère, Mickael, un garçon impulsif et violent, les trois Dorkel partent en virée dans le monde des « gadjos » à la recherche d’une cargaison de cuivre.

 

Paranoid Park de Gus Van Sant

La culpabilité est un drôle de sentiment qui m’est très familier.
Je suis capable de culpabiliser et de me triturer sans fin la tête pour la plus petite chose qui m’arrive ou arrive à mon entourage, certains de mes proches savent très bien en jouer.

Paranoid Park de Gus Van Sant est un film sur ce sentiment parfois si honteux, si terrible que souvent vous n’arrivez pas à le partager avec d’autres personnes que vous-même.
Paranoid Park vous confie un secret, celui d’Alex, jeune skater de Portland qui tue par accident un vigile le long d’une ligne de chemin de fer.
Vous le partagez avec lui, rejoignant progressivement son isolement et son détachement à l’égard de tout ce qui l’entoure.

Entre regret par rapport à l’acte et totale indifférence.
Entre crainte d’être arrêté et je-m’en-foutisme perpétuel.
C’est un poids qui pèse sur vos épaules à chaque instant, et dont vous ne pouvez pas vous libérer, car cela reviendrait à vous condamner.

Comme dans chacun de ses films, Gus Van Sant fait appel à nos sens, notre intuition, notre sensitivité.
Il nous plonge dans la tête d’Alex, et sa narration se construit en fonction de lui, avant, après, et pendant le drame qui va brutalement le confronter à une réalité qu’il ne soupçonnait pas.

Installé dans sa tête , le reflet de l’histoire est totalement différent : la petite amie devient une poupée sans sentiment, bizarrement apprêtée et uniquement obsédée par son dépucelage, les parents , des pantins tristes et préoccupés uniquement par des problématiques d’argent et de calendrier.

Paranoid Park fait partie d’un genre de films, plutôt américain, celui du film d’ado (à différencier du film pour ado ^^) ) , genre présent aussi bien à Hollywood que dans les productions indépendantes, genre qui peut produire des petits bijoux  comme Boy Hood Richard Linklater ou Les Combattants de Thomas Cailley.

On y retrouve pas mal d’éléments propres au teen-movie : les lieux que fréquentent le héros, des personnages stéréotypés mais le réalisateur propose une peinture de l’adolescence nord-américaine un brin différente.
A  l’adolescent rebelle de La Fureur de vivre de Nicolas Ray se substitue un jeune homme caractérisé par une absence de réaction, une indifférence glaçante propre à la société actuelle.

Au final, Gus Van Sant réussit à nous amener là où il le souhaite : ce film n’a pas comme thème la culpabilité du héros, mais sa distance au monde réel, attitude qu’on finit par intégrer avant de lui trouver des excuses..

 
 
Synopsis

Pitch : Alex, jeune skateur, tue accidentellement un agent de sécurité tout près du skatepark le plus malfamé de Portland, le Paranoïd Park.
Il décide de ne rien dire.