Les Landes, cette région, que nous bordelais, traversons souvent pour rejoindre les Pyrénées, où le Pays Basque, où nous faisons parfois un stop pour piqueniquer à l’ombre des pins ou humer l’odeur d’écorce et de résine, où nous nous perdons de corps et d’âme dans les ferias d’été, j’ai l’impression de la connaitre comme si c’était la mienne.
Et pourtant, ce sont d’autres paysages que j’ai découvert en allant voir l’exposition dédiée à Félix Arnaudin au Musée d’Aquitaine de Bordeaux : Le guetteur mélancolique.
Né en 1844 à Labouheyre, à un moment ou une forte industrialisation du pin se mettait en place, il décida d’immortaliser par la photographie sa forêt et parcourut la Grande lande pendant près de quarante ans.
A cette époque, une grande partie du territoire était une lande ou le pâturage était roi, une sorte de mosaïque de forêts, de champs et de ‘lande rase’ destinée à la pâture des ovins
Moi qui n’ait connu que des pins sur ces territoires, découvrir ces photos ou l’horizon pointait, a été une vraie surprise.
Au fil des années, Félix Arnaudin est devenue l’ethnologue, l’historien, le poète et le folkloriste pour finir par consacrer sa vie à sauver de l’oubli les traits d’un pays en voie de transformation rapide et d’une civilisation traditionnelle en train de disparaître.
Jusqu’à sa mort, en 1921, il oeuvra à révéler une terre, une langue et un paysage en mutation et son travail trouve toute son originalité dans la photographie et à travers cet art, il livre un témoignage précieux, figeant dans une sorte d’éternité des paysages et une société qui a aujourd’hui disparu.
Au-delà de l’histoire landaise et de son industrialisation, c’est notre mémoire personnelle et notre propre histoire que l’artiste interroge.
Il nous ramène aux photos en noir et blanc qu’on a immanquablement feuilleté avec nos grands-parents, voir à des souvenirs d’enfance pour ceux qui, comme moi, ont passé une partie de leur jeunesse à gambader dans les champs ou au milieu des vignes du médoc.
L’oeuvre d’une vie qu’il est possible de découvrir au Musée d’Aquitaine jusqu’à fin Octobre.
‘Mon désir serait de présenter des choses aussi exactes et en même temps aussi artistiques que possible.’
‘Terre de grandiose et ensorcelante poésie que j’ai maladivement aimé et qui reste devant mes yeux, à travers l’amertume de mes regrets, toujours majestueusement souriante … ‘
Félix Arnaudin
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