La isla minima d’Alberto Rodriguez

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Premier constat : le personnage principal du film est  l’envoutante Andalousie présentée  avec des vues aériennes sur les marais du Guadalquivir, résultat de l’excellent travail du directeur de la photographie Alex Catalan.

Ces premières images sont juste là pour planter le décor : on perçoit des corps estropiés, des douleurs, des mouvements d’âme ou des battements de cœur, la vie qui s’écoule et qui finit par s’assécher.
Dès le générique, on zone avec les 2 inspecteurs  dans les chemins et les canaux du Delta du Guadalquivir et on saisit le côté troublant et vénéneux de l’histoire.
On est loin de Séville et de ses fastes, où de Grenade et de sa belle histoire.

L’action se situe dans les années 80, juste à la fin du règne du général Franco.
La terreur de la dictature perdure encore sur ces terres chaotiques, l’espoir est denrée rare et chacun cherche à fuir ces terres pour un Eldorado qui semble plus attractif mais qui au final ne charrie que la mort.
Mais la dictature n’est pas loin et elle charrie les anciennes trahisons, les trafics d’antan et les peurs qui se taisent dans le silence des marécages.
Les deux inspecteurs échangent à peine sur l’enquête et s’en remettent chacun à leur propre méthode pour traquer le monstre, comme s’ils étaient deux ennemis se méfiant l’un de l’autre.
Chacun cherche de son côté, chacun épie l’autre, et petit à petit, ils s’enfoncent dans ce monde glauque et austère où dominent prostitution, drogues et assassinats.
Les personnages sont à la fois habités et sobres.
Juan, le plus âgé, usé et malade a fait partie de la police politique, et Pedro, qui va être père, représente la vision démocratique du maintien de l’ordre, tout en témoignant  d’une belle ambition.
Ils font face à une population qui découvre les prémices d’une démocratie naissante tout en essayant de panser ses plaies, tout comme eux.

Avec un tel scénario, le parallèle avec Mud ou True Detective est facile à faire et nous guide pendant les 1H44 que dure le film.
Impossible de ne pas procéder à la comparaison quand on a vu les 2 premiers films avec comme fil conducteur des personnages cassés, perdus dans des environnements trop grands pour eux, une atmosphère poisseuse où la beauté sauvage n’a d’égal que le sordide des meurtres.

Alberto Rodríguez présente  un polar âpre et très classique, mais diablement efficace.
Le montage est parfait et dynamique, il n’y a jamais un temps mort ou une baisse de rythme.

Pour frémir le long des canaux du Guadalquivir et découvrir un autre visage de l’Andalousie…

Synopsis

Pitch : Deux flics que tout oppose, dans l’Espagne post-franquiste des années 1980, sont envoyés dans une petite ville d’Andalousie  pour enquêter sur l’assassinat sauvage de deux adolescentes pendant les fêtes locales. Au coeur des marécages de cette région encore ancrée dans le passé, parfois jusqu’à l’absurde et où règne la loi du silence,  ils vont devoir surmonter leurs différences pour démasquer le tueur.
Réalisateur : Alberto Rodriguez
Casting : Raul Arevalo, Antonio de la Torre, Javier Guterriez
Durée : 1H44

Publié par

Isa

Blog LifeStyle & Photographie ...Street Art, voyage,culture et Bordeaux en toile de fond.

8 réflexions au sujet de « La isla minima d’Alberto Rodriguez »

  1. Je l’ai vu hier et comme toi j’en arrive à la conclusion que c’est un film drôlement efficace,qui atteint bien son public. Alors qu’à la base je ne suis pas très polar et que pour le coup, ce film en présente tous les ingrédients classiques. Un bien bon film !

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