Stressés, contraints par une multitude de petits et grands tracas, il peut arriver que l’on passe de manière quasi-quotidienne juste à côté d’un lieu d’exception sans jamais y jeter un seul petit coup d’œil et ainsi découvrir des années plus tard, presque par hasard, ce lieu, qui n’aurait pas dû échapper à notre œil aiguisé.
C’est ce qui m’est arrivé récemment en allant voir l’exposition Expressions Urbaines à l’Institut Culturel Bernard Magrez situé au Château Labottiére.
Installé en plein cœur de Bordeaux, entièrement rénové en 2010 par Bernard Magrez, cette maison bourgeoise, si typiquement bordelaise, a été construite en 1770 par l’architecte Etienne Laclotte qui dessina la demeure mais également son parc, véritable poumon vert du quartier.
L’exposition, installée dans ce lieu chargé d’histoire, offre une rencontre improbable entre un patrimoine particulièrement bien conservé et rénové, et le street art, discipline artistique moderne issue de la culture des rues.
Le mélange est subtil, l’alliance surprenante, le résultat magique… un vrai choc des cultures qui plaira tant aux aficionados des nouvelles tendances et expositions modernes qu’aux amoureux de l’Histoire.
On y découvre des œuvres d’artistes mondialement connus tels que Banksy (et un Banksy à Bordeaux, ça ne se loupe pas même si j’ai eu le privilége d’en admirer un à Londres) , mais aussi Shepard Fairey aka Obey Giant, Jef Aerosol pochoiriste français internationnalement connu où Swoon, originaire de Brooklyn et tout particuliérement connu pour ses collages emprunts de poésie et d’humanité.
On y retrouve également des artistes bordelais comme la Monkey Bird Crew, un duo composé de Temor et Blow the Bird qui ont la bonne idée de fleurir nos murs de bordelais de belles images de singes et d’oiseaux, où Rouge qui a également les honneurs du M.U.R de Bordeaux ce mois-ci, où Monsieur Poulet avec sa bouteille revisitée façon Merlin l’enchanteur des vignes.
Certaines pièces sont issues de la collection de Nicolas Lauguero Lasserre, directeur de l’Espace Cardin, et fondateur d’Artistik Rezo, où de la collection Galerie du Jour d’Agnès B.
Au total, plus de 30 artistes exposés dont 7 ont réalisé leurs œuvres directement sur le site.
L’atmosphère, un brin ‘hors du temps’ et décalée, et la conjonction des 2 histoires, celle du château et celle du streetart, invite à l’oubli et à la flânerie.
J’ai aimé laisser divaguer mes yeux pour passer du portrait de Barack Obama réalisé par Shepard Fairey à l’opulence d’un lustre d’époque, et revenir sur un portrait réalisé par Alber aux traits si caractéristiques que les amateurs de streetart bordelais connaissent bien.
Une fois terminée la visite, on a juste envie de redescendre à nouveau la longue allée de topiaire de l’immense parc , où trône les bouteilles de vins revisitées par des artistes urbains dans le cadre de la fête du vin 2014, pour recommencer la visite.
Le mieux est de choisir une fin de journée ensoleillée, 1h avant le coucher de soleil, pour suivre les derniers rayons , qui s’incrustent à travers les fenêtres et certaines œuvres, pour colorier les murs, sans compter que la douce lumière de la fin de journée illumine parfaitement les réalisations de Swoon.
Pour finir ici cette balade, j’en ai retenu une citation, aujourd’hui consignée dans mon carnet : ‘Vivre debout, respecter l’autre, jamais renoncer, gagner en tempérance’.
Jusqu’au 01 Mai 2015.
Ouvert du mardi au jeudi de 14h à 19h
Tarif : 7 euros et gratuit pour les enfants de moins de 12 ans.
Institut Bernard Magrez Château Labottière, 16 rue de Rivoli, Bordeaux.
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