Le Sel de la Terre démarre par une phrase de Sébastiao Salgado : Le photographe dessine avec la lumière.
De l’horreur des guerres tribales en Afrique de l’Ouest jusqu’à l’espoir d’une forêt amazonienne replantée, 1H59 à écouter sa voix grave conter et raconter ses photographies, leurs histoires, le petit détail ou le sens de la vie qui va avec.
Face à ses clichés d’Ethiopie, on se souvient de la famine avec des images terribles, qui soulignent notamment notre incapacité à éviter ce type de fléau et ensuite à porter secours à ces peuples qui souffrent.
Ces images renvoient cruellement nos consciences et réflexions vers le Liberia et le Sierra Léone et à Ebola qui y progresse sans que les pays industrialisés n’aient d’autres préoccupations que le renforcement des contrôles sanitaires à leurs frontières.
Face à ses clichés de la mine d’or de Serra Pelada, on vit au rythme de l’activité fiévreuse qui semblait y régner, véritable fourmilière d’hommes occupés à rechercher le graal qui les mènerait vers une vie meilleure.
Face à ses clichés du Rwanda, on regarde droit dans les yeux un père déposer son enfant mort sur un charnier, et également 3 enfants allongés sous une couverture, le regard plus ou moins dans le vague, l’innocence en moins.
Que ce soit dans les photos ou dans le récit de l’artiste, on ressent clairement la déchirure qu’a vécu cet homme face au génocide et à la détresse de la population rwandaise.
Les photos sont à couper le souffle, les horreurs qu’elles montrent à peine supportables, il dit lui-même qu’il a souvent dû poser son appareil pour simplement pleurer.
La cassure est là, réelle, dans sa voie, dans les images et se dire qu’une telle personnalité a pû à un moment de sa vie perdre la foi en la nature humaine, ça perturbe.
La seconde partie marque cette rupture dans son parcours.
Après être retourné au Brésil auprès de sa famille, il se lance avec sa femme dans la reforestation de son domaine familial.
Un peu comme un retour aux sources, ils s’attèlent à ce défi, énorme, qu’il relève.
La forêt amazonienne, son écosystème, sa faune, sa flore sont à nouveau là, juste par la volonté de quelques hommes et femmes.
Cette aventure collective est celle qui lui permettra de s’intéresser à nouveau à l’homme avec la découverte de tribus perdues, au fin fond de l’Amazonie.
Entre ses photographies, les films qui accompagnent ses expéditions et les entretiens avec Wim Wenders, Sébastiao Salgado offre son regard d’amour humble et poétique sur chacune des personnes qu’il a immortalisé.
A cela s’ajoute quelques moments filmés par Juliano Ribeiro Salgado, son fils, et des vidéos d’archives.
Au final, ce récit sonne comme un bel espoir car si l’homme a rencontré dans sa vie les aspects les pires et les plus noirs de l’âme humaine, il n’en reste pas moins que lui-même reste un merveilleux exemple de sa beauté…
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